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Entreprise adaptée : Pari réussi pour l’Agence de communication de Sabooj qui fête sa 6e année d’existence

Quelques membre de l equipe-sabboj sigant LSF leurs prenomsParis à quelques minutes de la République, Ils sont graphistes, webdesigners, maquettistes dans une boîte de "com'. Une agence qui ressemble a des milliers d'autres. Petite différence l'absence de téléphone fixe sur les bureaux des graphistes, mais de larges écrans plats d'ordinateur pour concevoir, dessiner, rédiger, éditer, mais aussi communiquer par Skype, avec traduction textuelle instantanée, ou courriel avec les clients. Un matériel adapté aux salariés sourds qui compose cette agence de communication..

Une équipe a l'écoute de chacun...

Surdité et communication n'est-ce pas antinomique ? « Non, ce sont des communicants nés ! », affirme la fondatrice de Sabooj, Marie-Hélène DELAUX, qui aura travaillé 22 ans dans le secteur bancaire. C'est en 2009 que voit le jour cette entreprise adaptée, la première dans ce secteur d'activité. Une agence qui travail tant dans la stratégie en communication, l'identité visuelle ou multimédia. L'entreprise qui aura et enregistré 520.000 € de chiffre d'affaires en 2014 et qui emploie quatorze salariés, dont dix en situation de handicap. Une insertion professionnelle au cœur des préoccupations de cette semaine pour l'emploi et dont cet exemple prouve que tout et possible...

A l'agence, beaucoup de créatifs sourds utilisent entre eux la langue des signes (LSF), d'autres sont "oralistes" et pratique la lecture labiale pour communiquer avec les "entendants". Toute l'équipe est en permanence connectée sur Skype.

« Un sourd oraliste comme moi ne réclame pas un gros aménagement de poste. Pour lui parler, il faut seulement se placer en face de lui, articuler sans exagérer et parler doucement... sans postillonner ! », explique par écrit Margot CARRËR, graphiste sourde profonde de 31 ans. « Mais, attention, lire sur les lèvres toute la journée, c'est exténuant. Skype ou les emails ça nous repose, lorsque que sommes trop nombreux Marie-Hélène un interprète fait venir LSF », poursuit la jeune femme, arrivée en 2010 après des stages dans le design et cinq ans d'études supérieures artistiques pendant lesquelles, reconnaît-elle, « il faut avoir le sens de la débrouille et une volonté de fer ».

Quand le handicap devient un atout...

Une entreprise adaptée présente dans un secteur très ultra concurrentiel, dans un secteur ultra concurrentiel, Sabooj compte plus de 150 clients dont des mastodontes comme EDF, France Télévisions, Crédit Agricole, L'Oréal, Lagardère ou encore Vinci. Des clients venus pour la qualité, mais aussi parfois, pour le statut de l'entreprise (Entreprise adaptée). Faire de la sous-traitance avec le secteur adapté permet de s'acquitter partiellement de l'obligation d'employer 6% de personnes handicapées, pour les entreprises de plus de 20 salariés. "Un attrait de plus pour nos clients", reconnaît Marie-Hélène DELAUX.

Et sa présidente fondatrice ne compte pas s'arrêter là. « Notre projet, à 5 ans, c'est de grandir, de recruter 30 personnes, avec le soutien d'un nouvel actionnaire, Impact Partenaires. Mais aussi, dès maintenant, de parfaire la formation de nos créatifs et de les encourager à partir dans de plus grosses agences, en milieu ordinaire », souligne-t-elle.

Surdité et communication, cela peut sembler antinomique. « Mais, justement, les sourds sont des communicants nés !», rétorque Mme DELAUX. « Le langage parlé n'est qu'une option pour s'exprimer. Eux doivent, et savent, faire passer un message en se posant d'abord la question de ce que les autres vont comprendre. C'est l'essence même de notre métier. Leur handicap, ici, c'est un atout ».

Des hommes et femmes qui ont eux aussi leurs contraintes et qui ne sont pas parfois visibles au premier coup d'œil. Ainsi « un sourd a besoin d'un environnement sans trop de bruit ni d'agitation. Le bruit nous perturbe », confie Édouard AUJAY de La DURE, graphiste malentendant de 45 ans, auparavant infographiste et webmaster dans une société informatique.

Pourtant, « tous partent à 19 h et ne travaillent pas le week-end. Il faut s'organiser », conclut-elle en souriant.

Stéphane LAGOUTIÉRE / Avec l'AFP

Catégorie : ÉCONOMIE
Publication : 17 November 2015

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