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Le collectif Je t’Aide publie un 2e plaidoyer « Pour qu’aider ne rime plus avec précarité » et lance une pétition

A gauche une femme représentant une aidantes a droit l'affiche de la pétition et bas les trois affiche de campagne 2018 36d05Baisse de salaire ou perte d’emploi, rupture du lien social, droits et reconnaissances insuffisantes, aider conduit trop souvent les aidants à la précarité. Ce plaidoyer vise à porter la parole vivante des aidants, qui ont demandé que cette année, la lutte contre la précarisation de leur quotidien soit au cœur de l’action du collectif. Le collectif Je t’Aide qui lance aussi à nouveau une pétition en ligne pour la reconnaissance d’un statut et pour plus de droits pour les aidants qui atteint déjà plus de 3986 signatures. Une pétition et plaidoyer qui intervient au lendemain de la manifestation nationale lancé par le personnel des EHPAD venu crier son désespoir et demande la création de 40 000 postes.

Une précarité au-delà de la dimension économique…

La précarité dont ont témoigné les aidants dépasse de beaucoup la question de leurs finances, tous les domaines de leurs vies sont impactés. Les aidants décrivent la précarité comme un processus, une “précarisation”, qui s’attaque d’abord aux finances qui s’amenuisent, puis ronge peu à peu toutes les sphères traditionnelles de l’accomplissement personnel : leur vie professionnelle, sociale, affective, leur capacité à se projeter dans l’avenir, mais aussi le logement, la santé, l’estime de soi. La solidarité, l’humanité de l’aide qu’ils apportent dont ils sont les promoteurs entraîne trop souvent leur précarisation. Le Collectif Je t’Aide, annonce militer, « pour qu’aider ne rime pas avec précarité, c’est demander une égalité de droits et de chances ».

Un plaidoyer autour de quatre grands axes

Pour rédiger ce plaidoyer, le Collectif a rassemblé des centaines de témoignages et d’expertises, qui ont permis de définir 4 grands axes autour de 21 demandes adressés au Gouvernement. Le gouvernement auquel la présidente duLa présidente du collectif je taide claudie kulak et son délégué général olivier morice devant matignion bee0d collectif Claudie KULAK, et son délégué général Olivier MORICE, avait le 25 avril dernier à l’occasion de la fin du grand débat nationale avait publier une synthèse « Porter la voix des aidants dans le Grand Débat National » rassemblant les demandes de ces derniers au cabinet du premier ministre Édouard PHILIPPE.

Un travail gratuit et invisible

Quatre axes dont le premier concerne celui de la rémunération. A lire les témoignages des aidants, la nature de l’aide est un travail à part entière aux taches multiples et quotidiennes « Sans ces millions d’aidants notre système de solidarité actuel ne pourrait pas faire face » estime le collectif. Pour lequel aujourd’hui un nouveau regard est indispensable pour sortir l’aidance de l’invisibilité et de l’assignation. « Repenser l’aide comme un travail non rémunéré et invisible permet de souligner l’urgence de la reconnaissance de l’aidance. Un travail, exercé dans un cadre contractuel, apporte droits et rémunération. L’aidance est un travail sans rémunération ni droits, qui peut conduire l’aidant à une précarisation », précise le collectif.

Le risque de la précarité…

Le deuxième axe de ce plaidoyer concerne lui le risque de la précarité ayant des conséquences économiques et professionnelles. Aider coûte cher, comme le précisait le baromètre CARAC(1) selon lequel 66% des aidants dépenseraient 2 049 € en moyenne par an. Même si le travail apporte une bouffée d’air aux aidants, leur vie professionnelle est fortement impactée. Selon l’étude ORSE UNAF(2), les aidants manquent de temps, sont stressés et fatigués et les 3/4 ont dû s’absenter au cours des 12 derniers mois en dehors des congés payés.

Ainsi concilier vie professionnelle et vie personnelle représente souvent à un exercice d’équilibriste. Plus de temps consacré à l’aide équivaut à plus de fatigue et de reste à charge à débourser Cette conciliation forcée entraîne par ailleurs un surcroît de charge physique et mentale. Plus on aide, donc plus on rend service à la société, plus l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle est difficile à tenir. Les aidants sont donc remerciés de leur solidarité par une charge accrue. Interrompre sa carrière pour aider, c’est précariser sa retraite car on ne cotise plus pendant cet arrêt. La question de l’impact sur la carrière concerne aussi l’employabilité” d’une personne après une interruption d’activité plus ou moins longue.

Un impact disproportionné de la précarité sur les femmes…

Affiche de la pétition sur le site change.orgUne fois de plus les femmes à l’image de notre société celle sur qui ont compte mais qui sont toujours les plus mal récompensé. 58% des aidantes sont des femmes(3). Toutefois, quand un choix se pose pour savoir qui va aider, les 4 femmes sont davantage assignées que les hommes, et plus le volume d’aide est élevé, plus la proportion de femmes augmente. L’aidance, tout comme la parentalité, du fait d’une assignation genrée, a des conséquences majeures sur l’emploi des femmes. Selon l’enquête Eurostat 2005, la part des femmes en emploi procurant une aide régulière à un proche de plus de 15 ans est double de celle des hommes(4) . Quant à l’écart salarial femmes -hommes, il est un facteur déterminant de l’assignation des femmes à aider. C’est souvent la comparaison des salaires au sein d’un couple qui assigne l’un ou l’autre à l’aidance. Dans une société où l’écart salarial homme / femme est important, l’assignation de genre se trouve largement renforcée, précarisant par conséquent davantage les femmes aidantes.

Le témoignage d’une vie “en deçà”

Aider impacte la santé de l’aidant, mais de façon très différente selon le degré de charge ressentie (légère, moyenne ou importante). Les aidants doivent tenir sur tous les fronts familial, personnel et professionnel. Des travaux soulignent de forts impacts négatifs sur le volet familial : relations perturbées, moindre disponibilité vis-à-vis de ses enfants, fins de journées et week-ends sacrifiés, conflits dans les couples, etc. Les aidants sont nombreux.ses par ailleurs à se sentir isolés, et cet isolement a un impact néfaste sur leur santé psychologique et physique. Ils ne ressentent pas l’aide qu’ils procurent comme utile et valorisante, notre société ne mettant pas en valeur l’aidance. Cette précarité symbolique stigmatise encore davantage l’aidante, engendrant même parfois un sentiment de honte.

A propos du collectif Je t’Aide

La mission de l’association Je t’Aide est d’accompagner et d’accélérer la reconnaissance des aidants. Le collectif se positionne, dans une logique de coopération entre structures et avec les aidants, pour porter ensemble la voix des aidants, notamment via des actions de mobilisation citoyenne (des aidants, des institutions, des structures propres à les soutenir, des médias, de la société entière), et des actions de plaidoyer. L’association soutient tout projet ou dispositif qui apporte un soutien concret aux aidants. Notre objectif étant « faire progresser les droits et la reconnaissance des aidants, par la société et par les professionnels de santé et du médico-social » précise sont responsable.

Stéphane LAGOUTIÉRE

Sources : Collectif Je t'aide

1 Baromètre CARAC 2017. Argent et entraides familiales : où en sont les français ?
2 UNAF, 2014 : “aidants Familiaux, Guide à destination des entreprises”
3 Fondation April / BVA 2018 Baromètre des aidants, 4e vague
4 Ligue des Droits de l’Homme, 2016: “Agir contre les écarts de salaires hommes et femmes (GPG) - prendre en compte le cas des aidants informelles”

Catégorie : AUTONOMIE - DÉPENDANCE
Publication : 2 July 2019
Sophie CLUZELÉdouard PHILIPPEAutonomieDépendanceCollectif Je t’AidePétitionsRevendicationsGourvernement

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