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Le Tribunal correctionnel de Paris prononce la relaxe de Charlie Hebdo pour le dessin sur la trisomie 21

17e Chambre du Tribunal Correctionnel de Paris reserve aux affaires de presse avec la une du journal Charlie HebdoLa 17e chambre correctionnelle de Paris a prononcé hier son jugement dans l'affaire qui opposait le Collectif contre l'handiphobie, association de parents d’enfants handicapés, à Charlie hebdo et l’auteur du dessin Laurent SOURISSEAU et aujourd’hui le directeur de la publication à la suite de la publication le 7 octobre 2015 représentant Nadine Morano en bébé trisomique 21 dans les bras du général de Gaulle. Un dessin publié a la suite notamment des propos controversés de la députée européenne sur la France pays de « race blanche » et qui selon la députée (LR) lui avait valu le retrait de son investiture pour les élections régionales.

Une décision injuste...
Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du ministère public qui avait requis la relaxe de Charlie Hebdo le 18 novembre 2016, estimant la volonté de Charlie Hebdo d’outrager n’est pas constituée, et que la « filiation idéologique revendiquée » par Nadine Morano justifie l’utilisation par Charlie Hebdo du thème de la «paternité » et de la fille trisomique du général de Gaulle. En d’autres termes que la cible du dessin n’était pas les personnes trisomiques 21, mais Nadine Morano.

Un arrêt qui précise que malgré la perception douloureuse qui a pu être celle de certains parents d’enfants trisomiques, le caractère satirique de la Une doit être pris en compte et exclut toute « incitation précise à adopter un comportement de rejet à l’égard des personnes atteintes de trisomie 21 à raison de leur handicap ».

Le dessinateur qui lors du procès avait précisé que « l'allusion à la fille du général de Gaulle, elle-même atteinte de trisomie, signifiait que Nadine Morano se trouvait « dans une situation d'incompréhension à l'égard de la pensée du général de Gaulle » en précisant que le général de Gaulle lui-même indiquait que sa fille « vivait dans son monde à elle. »

Alexandre VARAUT, Président du Collectif contre l'handiphobie qui avait expliquait que ce dessin a été « douloureusement ressenti par les parents de handicapés (...) On voit bien qu'on est une sorte de dommage collatéral », poursuit-il, mais le « bouffon est légitime quand il s'en prend aux puissants, mais il ne faut pas se servir des faibles pour faire mal ».

Une décision qu’il affirme ne pas comprendre aujourd’hui même s’il s’attendait a cette décision. Ce faisant, le tribunal cautionne, au nom de la satire, le racisme chromosomique à l’égard des personnes trisomiques 21 et annonce faire appel contre celle-ci.

La Fondation Jérôme LEJEUNE (association catholique), qui se dit choquée par le fait que le tribunal ait négligé l’importance de cette disposition. « Cette négligence marque un retour en arrière, elle contribue à développer la discrimination des personnes atteintes d’un handicap mental. Elle nourrit la stigmatisation des enfants porteurs de trisomie 21, et le rejet collectif qu’ils subissent en raison de leur patrimoine génétique ».

Un dessin qui avait mobilisé les familles...
Une publication qui pour une fois avait provoqué une réelle mobilisation notamment des familles comme celle d’une mère d’une petite trisomique qui avait alors publié dans son compte Facebook une lettre ouverte à l’encontre de la rédaction de la rédaction de Charlie Hebdo. Une mère de famille qui accusait le journal de ne pas rendre compte que son dessin de Nadine Morano avait aussi fait du mal à tous les proches des personnes atteintes de trisomie 21.

Reste que des associations comme l'association Trisomie 21 France, avait exprimé à l’époque de la publication, une plus grande tolérance estimant « Les personnes avec trisomie 21, réfléchissent et avancent vers le plein exercice de leurs droits citoyens et des libertés individuelles, notamment la liberté d'expression ».

Collectif contre l'handiphobie...
Créé en 2000 au lendemain de l’arrêt Perruche, le Collectif contre l’handiphobie a pour vocation de défendre les personnes handicapées contre les propos diffamatoires et les mesures discriminantes. Grâce à l’action des 200 familles regroupées dans ce Collectif le Parlement votait une loi en 2002 affirmant qu’en France, nul ne peut se prévaloir d’un préjudice du seul fait de sa naissance.

Stéphane LAGOUTIERE

Source : Collectif contre l'handiphobie...

Catégorie : JUSTICE & JUSTICE ADMINISTRATIVE
Publication : 11 January 2017

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