Le Conseil d'État refuse de suspendre l'autorisation de l'Avastin pour traiter la DMLA
Le Conseil d'Etat a refusé de suspendre ce lundi l'autorisation récente dont bénéficie le médicament anti-cancer Avastin pour traiter une maladie des yeux, la DMLA, contrairement à ce que réclamait le groupe pharmaceutique Roche qui le produit.
Le laboratoire suisse s'oppose à l'utilisation de son médicament pour une autre maladie que celle pour laquelle il a été conçu, car c'est à son avis « contraire à l'intérêt des patients ». L'Avastin a bénéficié d'une autorisation temporaire d'utilisation de trois ans délivrée en juin par l'Agence française du médicament (ANSM) pour traiter la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
Un autre médicament très proche de l'Avastin, le Lucentis, dispose depuis des années d'une autorisation spécifique pour la DMLA. Mais le Lucentis coûte environ 20 fois plus cher que l'Avastin. Le but de l'autorisation de l'Avastin pour traiter la DMLA est, pour le gouvernement, de réaliser d'importantes économies. Déterminé à combattre cette autorisation, Roche a demandé au Conseil d'Etat de la suspendre dans le cadre d'une procédure en urgence dite de « référé-suspension », en attendant le jugement définitif.
L'autorisation d'utilisation de l'Avastin restera donc valable
Mais cette juridiction a rejeté lundi sa demande, estimant que les arguments développés par Roche ne faisaient pas sérieusement douter de la légalité de l'autorisation temporaire de l'Avastin pour la DMLA. En particulier, le Conseil d'Etat a estimé que le dispositif légal français qui permet à l'ANSM d'élargir l'utilisation d'un médicament au-delà de ce que prévoit son autorisation initiale de mise sur le marché, n'apparaissait pas contraire au droit européen.
L'autorisation d'utilisation restera donc valable jusqu'à ce que le Conseil d'Etat se prononce définitivement sur la légalité de cette décision administrative, précise cette instance. Roche a«pris acte de la décision ». «Nous ne recommandons pas cette utilisation, pour nous elle est contraire à l'intérêt du patient, notre point de vue n'a pas changé », a rappelé lundi un porte-parole ajoutant que cette première décision ne « préjugeait en rien de la décision qui sera rendue sur le fond".
La DMLA est une cause de handicap chez les plus de 50 ans
L'Avastin (bévacizumab) agit en réduisant la croissance des vaisseaux sanguins nécessaires au développement des tumeurs cancéreuses. Comme le Lucentis (ranibizumab), il agit également sur le développement des vaisseaux à l'origine de la DMLA.
Marquée par une dégradation d'une partie de la rétine (la macula), la DMLA est une importante cause de handicap visuel chez les plus de 50 ans et sa fréquence augmente avec l'âge. On estime à plus de 1,5 million le nombre de personnes en France qui en présentent des signes, même mineurs.
La Rédaction / Avec AFP
Publication : 22/09/2015