L’euthanasie une nouvelle fois sur les bancs des accusées : Jean MERCIER, dit ne pas «avoir de regrets»
Mardi, dernier, c'est un homme âgé de 87 ans atteints de la maladie de Parkinson et d'un cancer de la prostate, qui arrivée devant ces juges. « Je n'ai pas de regrets. Ce serait le cas si, au contraire, je ne l'avais pas fait » et « ce qui m'importe, c'est que la loi change, car la mort est un sujet qu'on n'ose pas aborder sereinement ».
Le Procureur qui a lui réclamé lors de son réquisitoire trois ans de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger, après avoir aidé sa femme gravement malade à mourir en novembre 2011.
Jean MERCIER qui c'est présenté malgré son état de santé devant le tribunal correctionnel de St Étienne en compagnie de sa sœur et soutenu par le président de l'association pour le droit de mourir dans la dignité, Jean-Luc ROMERO. Ce dernier qui aura peu avant le début de l'audience à rappeler le retour au mois d'octobre du projet de loi sur la fin de vie va revenir à l'Assemblée en deuxième lecture, rejeté en juin par le Sénat. Et, "coïncidence" selon lui, "trois affaires importantes" sur le sujet vont se succéder dans les semaines à venir: Jean MERCIER, Vincent LAMBERT et le jugement en appel du Dr BONNEMAISON.
Un geste de « conviction » et « d'amour » pour l'accusée
C'est un homme convaincu du bien-fondé de son geste qui arrivé devant le tribunal correctionnel. Un homme qui souhaite que ce soit la loi qui change, car la mort est un sujet qu'on n'ose pas aborder sereinement", a-t-il expliqué. . Soulignant au sujet de son épouse que « La moindre douleur lui devenait insupportable, j'ai fait semblant de ne pas comprendre la première fois en lui apportant les médicaments normaux ».
Jean, qui le 10 novembre 2011, accepte d'aider son épouse, âgée de 83 ans souffrant de douleurs chroniques dues à l'arthrose depuis trois ans. Une femme fortement dépressive depuis 30 ans et qui avait tenté à plusieurs reprises de mettre fin a ces jours. Jusqu'à ce jour ou son mari accepte de l'aider à décapsuler une quantité importante de médicaments et de lui apporter un verre d'eau, pour qu'elle les avale. Il avait attendu qu'elle décède pour appeler un médecin: un "geste d'amour", souligne le conseil de M. MERCIER, Me Mickaël BOULAY.
L'homme qui avait interrogé la société française en adressant une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par la défense, relative à l'assistance au suicide qui estimait que la loi française devait intégrer les règles dégagées par la Convention européenne de Droits de l'Homme, en faveur de l'émergence d'un droit au suicide assisté. Une QPC rejetée par le tribunal de Saint-Étienne en février 2015.
« Il avait la possibilité d'agir, il ne l'a pas fait »
Devant le tribunal, l'octogénaire a assumé ces petits gestes et ces quelques moments où il avait laissé partir sa femme sans occulter les doutes qui furent les siens pendant plusieurs mois.Il a aussi confessé avoir connu par la suite « un apaisement incroyable, une vie plus pleine et un rapprochement avec (ses) enfants ».
Le procureur Jean-Daniel REGNAULD reproche au prévenu non pas d'avoir aidé à sa femme à se suicider, mais la non-assistance à personne en danger, en estimant qu'il aurait pu appeler les secours. « Il avait possibilité d'agir et il ne l'a pas fait parce qu'il avait peur de se faire réprimander si elle revenait à la vie ».
Ce dernier qui lors de son réquisitoire provoquera la colère de la fille du prévenu, en affirmant « Qui est juge dans cette affaire? (...) Qui est le plus libéré des deux dans cette affaire ? ( ) je crois en l'altruisme envers les inconnus plutôt qu'envers les proches ».
À l'encontre de l'octogénaire, dont la défense a plaidé la relaxe, répondant aux accusations du procureur, Jean MERCIER a lui interpellé le tribunal, "Si vous pensez que je suis l'homme décrit par le procureur, je suis un lâche qui mérite la prison sans sursis", a déclaré le prévenu au tribunal. Le jugement a été mis en délibéré au 27 octobre.
«Si vous pensez que je suis l'homme décrit par le procureur, je suis un lâche qui mérite la prison sans sursis», a déclaré le prévenu au tribunal. Le jugement a été mis en délibéré au 27 octobre.
Guy BEDOS « J'ai déjà, choisi mon médecin »
Alors qu'il jouera dès demain dans la pièce "Moins 2" au Théâtre Hébertot à Paris, Guy BEDOS a accordé une interview au Parisien. L'acteur, qui incarne un malade qui n'a pas plus qu'une semaine à vivre, a évoqué la mort.
« Elle m'angoisse et me séduit. J'ai pensé au suicide pour la première fois quand j'avais 12 ans : je suis un suicidaire qui s'attarde. Mais je n'y pense pas tout le temps », confie-t-il. Et d'ajouter : « Je voudrais seulement continuer à vieillir dans la dignité. J'ai 81 ans, je vis comme si j'en avais dix de moins. Si je deviens un poids pour mon entourage, je préfère partir ».
Guy BEDOS a également donné son avis sur le suicide assisté. « Pour avoir aidé quelques-uns de mes amis, dont Pierre DESPROGES, à mourir dans la dignité, je pense en effet que mourir pour mourir, autant partir en beauté. J'ai moi-même déjà choisi mon médecin « assassin », conclut-il.
Stéphane LAGOUTIÉRE/avec l'AFP
Publication : 24/09/2015