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Message d'alerte

2011.06.01 --- Dans un rapport rendu public le 31 mai dernier, l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) estimant la présence de nombreux dysfonctionnements systémiques dans la gestion de la sécurité par les hôpitaux psychiatriques. Un État des lieux sévères des hôpitaux psychiatriques en France et ce, en plein débat devant le parlement sur l'hospitalisation d'office. Un rapport qui dénonce notamment les fugues, agressions, parfois meurtres ou viols, la violence dont font l’objet les patients.

« Il faudrait être naïf pour penser que ce rapport est publié aujourd'hui par hasard », nous confie, Norbert Skurnik, du syndicat des psychiatres de secteur, en référence au projet de loi de réforme de l'hospitalisation d'office voté en première lecture mardi dernier par les députés et rejeté par la profession qui le juge trop sécuritaire. « Le rapport de l'Igas vient à nouveau enfoncer le clou de cette orientation qui entretient un climat de peur et de stigmatisation des malades”, juge le psychiatre Paul Machto, responsable d'un centre de jour à Montfermeil.

Force est de constater que les moyens promis en décembre 2008, par Nicolas Sarkozy suite à la mort d'un étudiant, poignardé à Grenoble par un malade mental échappé d'un hôpital psychiatrique n’ont pas été tenus. Le président qui avait pourtant promis à l’époque un plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques, ainsi que la création de quatre unités qui vont prendre en charge les malades jugés « difficiles »pour lequel 70M seraient investis.

Une mauvaise gestion

L’institution met en cause la surveillance des établissements dont il serait trop facile de sortir. Elle évalue à 10 000 le nombre de fugues par an. Les accès des hôpitaux sont mal aménagés et peu surveillés, selon le rapport, qui a évalué entre 8.000 et 14.000 le nombre annuel de fugues de patients hospitalisés d'office ou à la demande d'un tiers. Quant aux détenus, ils sont une quarantaine par an à s'évader des hôpitaux psychiatriques. Dans la quasi-totalité des cas, le retour est rapide et les fugues n'ont pas de conséquences graves, relève l'Igas, qui souligne cependant qu'elles induisent des ruptures thérapeutiques.

l’IGAS, qui concernant la surveillance constate que en cinq ans, une vingtaine de meurtres (dont trois pendant des fugues, sept dans un établissement, cinq en sortie d'essai). Elle a aussi relevé une dizaine d'agressions sexuelles au sein des établissements. Ce sont des drames rares, mais les agressions à l'intérieur de l'hôpital contre le personnel et les malades paraissent en revanche plus nombreuses que ne le laissent percevoir les 1.870 signalements recensés en 2009. Face à cela, peu d'hôpitaux réagissent en mettant en place des programmes de formation et d'équipements adéquats, estime l’inspection générale.

Défaillance et manque de personnel

Un rapport qui confirme là aussi les nombreuses manifestations des syndicats ces derniers mois a Toulouse, Paris, Lilles ou Marseilles. Car si le rapport n’estime pas directement « le manque de personnel sauf exception localisée », il reconnait cependant une présence médicale lointaine, un encadrement défaillant, des locaux et des équipements vétustes. En revanche, la charge de travail des infirmiers en hospitalisation complète s'est alourdie et surtout le temps de présence des personnels a été réduit, ajoutent les auteurs, qui relèvent un fort absentéisme ou encore de trop nombreuses pauses fumeurs. : l'IGAS qui cite aussi le confinement dans des espaces étroits de personnes présentant des pathologies et des origines diverses, la négation de la vie privée, parfois le port du pyjama en journée, ou encore l'absence quasi totale de distraction.

Internement infantile

L’actualité a prouvé encore le manque d’une réelle politique concernant l’internement des enfants et des adolescents. Un rapport qui dénonce cette situation en n’acceptant pas que ceux-ci puissent être mis, faute de place, dans les unités pour adultes.

Ne pas mettre la charrue avant les bœufs

Un document précieux qui nous fait voir l’impossibilité et l’inutilité de vote de loi comme celle actuellement en projet au parlement, les moyens eux ne sont pas. Avant toute décision, il convient donc pour le gouvernement de revoir sa copie de mettre en œuvre une véritable politique psychiatrique en France avec les moyens d’internement volontaire ou d’office. Une situation qui permettre alors de recevoir ses personnes en toute sécurité et dans le respect des dignités humaines auquel chacun de nous peut prétendre.

Stéphane Lagoutière

 

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