TUBERCULOSE : Des millions malades pour lesquels la prévention restent la meilleure arme
Une maladie avec les dégâts que l'on connaît continu selon l'OMS à faire chaque année près de 1,7 million de morts à travers le monde et touchent plus 6,7 millions de nouveaux cas qui sont répertoriés en 2010. Le partenariat « Halte à la Tuberculose » attire notamment l'attention sur les formes multirésistantes de cette infection. Elles sont en effet, de plus en plus fréquentes. « Entre 2011 et 2015, il y aura plus de deux millions de nouveaux cas de tuberculose multirésistante », préviennent les responsables du partenariat. Ses derniers se fixent un objectif ambitieux pour cette période de quatre ans : « diagnostiquer et traiter un million de patients souffrant de cette forme de la tuberculose ».
Objectif ambitieux certes, mais surtout essentiel, « La tuberculose multirésistante est une menace pour tous les pays, car elle est à la fois difficile et coûteuse à traiter », renchérit le Pr Michel KAZATCHKINE, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. « Si nous ne faisons pas des efforts exceptionnels pour résoudre ce problème, notre capacité à financer et à obtenir régulièrement des progrès sera compromise ».
Des patients souffrant de tuberculose multirésistante qui commence aujourd'hui à ne plus répondre aux traitements antibiotiques de première intention. Ces formes de la maladie ont été responsables en 2008 de 440 000 cas, qui ont entraîné 150 000 décès. Et depuis quelques années, des cas d'ultrarésistantes ont été mis en évidence. Une situation dans ce cas, encore plus grave, car chez ces malades les bacilles tuberculeux résistent même aux antibiotiques de deuxième ligne. Pour autant, la lutte contre la tuberculose a enregistré de beaux progrès. Entre 2002 et 2010, les programmes du Fonds mondial ont permis de traiter 7,7 millions de patients, et de sauver 4,1 millions de malades.
Un combat qui doit être poursuivi y compris en France même si les chiffres confirment une baisse depuis 2009. « En France, l'incidence globale de l'épidémie peut être considérée comme faible : huit cas pour 100 000 habitants et près de 5 5 00 nouveaux cas par an avec (5 276 cas déclarés, en 2009, contre 5 758 cas en 2008 », précise le ministère de la Santé. Des chiffres rassurants selon la Secrétaire d'État, Nora BERRA qui a tenu à rappeler qu'aujourd'hui la maladie se concentre sur les populations fragiles : personnes sans domicile fixe, migrants, détenus et personnes âgées de plus de 75 ans. Cette dernière de préciser « la tuberculose ne frappe pas au hasard. Elle est corrélée au niveau socioéconomique des personnes. Les territoires les plus touchés sont la Guyane 23,9 cas pour 100 000, alors qu'en Ile-de-France 15,8 cas pour 100 000 habitants ».
« Je suis heureux de constater que la collaboration croissante entre les programmes de lutte contre le VIH et contre la tuberculose porte ses fruits. Depuis 2002, le nombre de patients tuberculeux ayant bénéficié du dépistage du VIH a été multiplié par quatre-vingts ». Souligne Michel SIDIBE, Directeur exécutif de l'ONUSIDA. « Toutefois, en cette journée mondiale de lutte contre la tuberculose, je suis inquiet. Nous assistons en effet à l'émergence d'une épidémie de tuberculose pharmacorésistance. L'estimation selon laquelle deux millions de personnes vivant avec le VIH pourraient mourir de la tuberculose d'ici 2015 si aucune action urgente n'est prise donne à réfléchir. (...) Avant de conclure en enjoignant « Les communautés affectées par la tuberculose et le VIH doivent continuer d'intensifier leurs actions conjointes pour déployer rapidement ces services et sauver des vies. Il ne faut pas oublier que le VIH et la tuberculose sont deux maladies distinctes qui peuvent mettre en danger une même vie. L'ONUSIDA est résolu à réduire de moitié d'ici 2015 le nombre des décès dus à la tuberculose chez les personnes vivantes avec le VIH. Je suis convaincu que nous pouvons atteindre cet objectif, et même le dépasser ».
Un nouveau diagnostic prochainement disponible
Le nouveau test validé par l'OMS fait lui appel aux technologies modernes d'amplification de l'ADN. Totalement automatisé, il donne des résultats en moins de deux heures, avec des performances bien supérieures à celles de l'examen direct des crachats, selon une étude publiée début septembre dans le prestigieux New England Journal of Medicine. De plus, il permet d'identifier les résistances à la rifampicine, l'un des antituberculeux de référence. La machine, peu encombrante, peut être utilisée de façon itinérante, et par un personnel formé en une journée.
Pour faciliter l'accessibilité à cet outil, la Fondation pour des outils diagnostics nouveaux et novateurs (Find), qui a participé à sa mise au point, a négocié une diminution de 75% des prix avec le fabricant. « Le coût par test sera de l'ordre de 17 dollars pour 2011, mais il pourrait passer sous la barre des 10 dollars d'ici deux ou trois ans », espère le Dr Giorgio Roscigno, directeur général de Find.
Le prix de la machine – qui pourra servir à d'autres diagnostics – est lui de l'ordre de 17.000 dollars. Le test devrait déjà être disponible dans 150 sites dès l'an prochain, selon le directeur de Find. « On ne voulait pas y croire avant d'avoir vu les résultats, c'est un bon premier pas, assure de son côté le Dr Catherine Hewison, spécialiste de la tuberculose à Médecins sans frontières. Nous allons évaluer ce test sur le terrain.» Pour autant, selon cette spécialiste, ce n'est pas encore l'examen idéal. « Les examens de crachats peuvent être négatifs, notamment chez les enfants et dans les formes extrapulmonaires. Ce qui pourrait vraiment changer les choses, c'est un test dans le sang ou les urines », estime-t-elle. Dans le monde, plusieurs équipes s'y sont attelées.
La Rédaction
Publication : 24/03/2011