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Arnaud BOSOM : « Dans le journalisme, il y a une porte à ouvrir pour le recrutement des personnes en situation de handicap »

Arnaud BOSOM_Directeur_General_en_charge_de_la_DRH_et_de_la_diversite_a_la_fondation_du_Groupe_de_TF1Avec un taux d'emploi de 3% de personnes handicapées, le Groupe TF1 est bien loin du taux légal de 6% imposé par la loi de 2005. Néanmoins, il n'est guère loin du taux national qui plafonne à 3,1% selon les chiffres de l'Association de gestion du fonds d'insertion professionnelles des personnes handicapées (Agefiph). Car aujourd'hui, il est difficile pour une personne handicapée d'atteindre les postes dans le secteur des médias. 

Encore une fois, on met toujours à mal la formation des personnes en situation de handicap. Alors que c'est un faux problème puisque certaines d'entre-elles sortent des grandes écoles de journalisme. Mais les rédactions ont encore du mal à les intégrer dans leurs équipes. De son côté, TF1 a opté pour une toute autre méthode. Grâce à sa Fondation lancée en 2007, chaque année depuis, des jeunes issus de la diversité ou en situation de handicap peuvent ainsi intégrer une formation qualifiante de deux ans au sein du groupe TF1 afin de se former aux métiers du journalisme.   

D'ici 2016, le Groupe TF1, dans le cadre de son accord handicap 2014-2016, a pour objectif d'embaucher 24 personnes en situation de handicap, nous a indiqué la mission handicap de chez TF1. Mais reste à savoir quel sera leurs fonctions : animateurs, journalistses ou standardistes....?

Des solutions il en existe. Par exemple, le projet JARIS, mené par l'association Act'Pro, a pour objectif de permettre à des Franciliens en situation de handicap âgés de 18 à 45 ans d'accéder aux métiers du journalisme et de l'audiovisuel en les formant notamment au journalisme, à l'audiovisuel, à la sphère numérique par l'utilisation ludique de supports multimédias (ordinateurs, caméras, appareils photos, logiciels de montage, de création graphique...). Nous sommes allés interroger le Directeur général adjoint Relations Humaines et Organisation du groupe TF1, Arnaud GOSOM et revient vers nous sur les ambitions de son groupe.

F.H.I --- Comment expliquez-vous le fait que les personnes handicapées n'arrivent pas à accéder à des postes de journalistes au sein des rédactions

Arnaud GOSOM : Il n'y a pas de raison. On évoque souvent la formation des personnes handicapées comme le frein principal à l'accès à l'emploi. On dit également que les personnes en situation de handicap ne sont pas assez formées et qu'elles ne peuvent pas postuler à certains postes à responsabilité. Pour moi, c'est une fausse excuse. Dans le journalisme, il y a une porte à ouvrir pour le recrutement de personnes en situation de handicap.

F.H.I --- Par le biais de votre Fondation, de nombreuses personnes en situation de handicap peuvent désormais postuler à des postes au sein de TF1...

Arnaud BOSOM : Tout à fait. Depuis sa création en 2007, chaque année, elle intègre des jeunes en situation de handicap au sein d'un parcours de formation de deux ans au sein du groupe TF1.

F.H.I --- Quels actions pourraient être menées pour lever les préjugés autour du handicap dans le secteur des médias ?

Arnaud BOSOM : Les médias ont un double rôle. Celui qui consiste à faire vivre et développer les actions dans le domaine de la diversité et celui du prescripteur. Nous sommes un peu le reflet de la société au travers de nos antennes et de nos supports y compris sur internet. Nous devons donc développer de multiples actions dans les journaux télévisés, les émissions que nous produisons, afin de veiller à ce que toutes les diversités y soient représentées.

F.H.I --- Les personnes handicapées ont des difficultés à se déclarer. Lorsqu'elles le font, cela est-il un frein pour vous à les recruter ?

Arnaud BOSOM : J'espère qu'on a dépassé ce stade. De plus, le handicap n'est pas forcément visible. Une personne qui vit son handicap n'est pas obligé de nous dire d'entrer de jeu qu'elle souffre d'un handicap. Cela reste son choix de le révéler ou non. À aucun moment dans le cursus de recrutement au sein de TF1, il n'y a aucune discrimination.

 F.H.I --- Avec la nomination d'un nouveau président à la tête de TF1, n'avez-vous pas quelques craintes que le handicap soit relégué au second plan ?

Arnaud BOSOM : En effet, le Conseil d'administration a désigné Gilles PÉLISSON comme futur président de TF1. Il prendra ses fonctions en 2016. Il a montré, à travers les différents postes qu'il a occupé dans de grandes entreprises, qu'il est attaché aux thématiques de la diversité. Pour avoir déjà échangé avec lui, je peux vous dire que l'on va poursuivre nos efforts et ce qui a été entrepris depuis 2007.

F.H.I --- Il y a quelques semaines, tous les patrons de chaînes de télévision étaient présents au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour parler de diversité. Est-ce un engagement supplémentaire de votre groupe en faveur du recrutement des personnes handicapées ?

Arnaud BOSOM : Le Conseil supérieur de l'audiovisuel est assez actif pour rassembler et développer cette thématique de la diversité. TF1 est un pionner puisqu'il a obtenu le label Diversité avant que le CSA ne l'obtienne. De temps en temps, les groupes audiovisuels sont là pour montrer la voie.

F.H.I --- Demain les personnes handicapées auront-elles leurs places dans les médias ?

Arnaud BOSOM : c'est pour cela que l'on se bat. C'est un chemin que l'on a entrepris mais il y a encore de nombreuses étapes à franchir pour avoir cette société inclusive.

Propos recueillis par
Romain BEAUVAIS

Catégorie : INTERVIEW AVEC...
Publication : 19 November 2015

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