Skip to main content

La Présidente de l’Unapei, Christel Prado, vers un avenir encore trop incertain….

Christel PRADO lors de son intervention face aux responsables et elus politiques pour le congre de Unapei a ToulouseSix ans après son arrivée a la tête de l'Unapei et que l'Unapei fête cette année son cinquante sixieme anniversaire de sa création, Christel PRADO, et à six mois des présidentielle. La présidente nous dresse un nouvelle aparcue de la situation des personnes en situation de handicap a mobilité intellectuelle, face à des responsable politique qui font beaucoup de promesse. Pour la présidente de l'Unapei les«réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux. A une vaste problématique sociétale, on répond par de la bricolothérapie».

FHI --- L’Unapei a fête cette année son 56é anniversaire, plus d’un demi-siècle plus tard et six ans après votre prise de fonction en juin 2010, quel regard portez-vous sur votre action et le bilan dressez-vous sur celui de l’association ?

Christel PRADO --- Je pense que l’Unapei a réussi à atteindre beaucoup de ses objectifs : donner de la visibilité à la problématique des personnes handicapées qui restent sans solution ou à celles qui sont déplacées contre leur gré loin de leur famille, voire en Belgique.

L’Unapei a réussi à démontrer que l’avenir de notre société était d’être inclusive et solidaire, c’est-à-dire qu’il n’était plus supportable pour personne de voir émerger des politiques catégorielles qui ne répondent pas à l’universalité de ce que constitue une société. Pour autant, les moyens n’ont jamais été à la hauteur des annonces faites par les responsables politiques. Pour gouverner, avoir bon cœur ne suffit pas. Il faut faire des choix et donc des arbitrages budgétaires. Ils n’ont clairement pas été ces dernières années à la hauteur des ambitions politiques et surtout des besoins des personnes en situation de handicap et de leur famille.

Nous entrons dans une nouvelle phase associative : celui de nouveaux portages politiques. Les associations ont totalement conscience que lorsque la pénurie est là, il ne faut pas se contenter de la gérer. Il faut contraindre les décideurs à agir par notre mobilisation.

FHI --- Comme je préfère personnellement le terme d’inclusion plutôt que celui d’intégration, vous-même préféré le terme personnes à mobilité intellectuelle réduite que celui personnes handicapées mentales. Mais quelle est la différence, pouvez-vous nous l’expliquer ?

Christel PRADO --- L’Unapei milite pour une société inclusive et solidaire, c’est-à-dire qui lutte contre toutes les formes persistantes d’exclusivité. Nous souhaitons que le droit commun s’applique à tous et que le médico-social ne vienne que renforcer les politiques de droit commun en terme de compensation des conséquences du handicap.

Nous ne souhaitons pas utiliser l’anglicisme inclusion parce que c’est un mot statique. Il ne permet pas aux acteurs de se mettre tous en mouvement au service de la citoyenneté de tous. Nous préférons utiliser l’adjectif inclusif qui est adjoint à une terminologie partagée par tous.

FHI --- J’ai eu l’occasion plusieurs fois de vous entendre lors de vos discours, comme a Toulouse lors du congrès de l’Unapei, exprimant parfois une certaine de forme de colère. Quelles sont les raisons qui freinent leurs inclusions aujourd’hui ?

Christel PRADO --- Les freins sont de plusieurs natures : beaucoup de nos concitoyens considèrent encore que les personnes en situation de handicap sont contagieuses voire dangereuses, mais les freins majeurs sont ceux des frontières que constituent chaque culture institutionnelle. Chacun travaille entre soi et il est très difficile de travailler ensemble pour répondre aux besoins de la personne sans essayer d’en faire un faire-valoir pour l’Etat, les collectivités ou les associations.

FHI --- Vous m’aviez confié lors d’une précédente interview il y a quelques mois, et notamment lors du début quinquennat attendre beaucoup du gouvernement actuel face au retard accumuler depuis plusieurs décennies. Avez-vous pu trouver les réponses à vos questions et demandes ? 

Christel PRADO --- Les réponses ne sont pas à la hauteur des enjeux. A une vaste problématique sociétale, on répond par de la bricolothérapie. C’est indigne. Nous avions de l’espoir parce que nous étions compris et les objectifs étaient partagés. Le passage du gouvernement Ayrault au gouvernement Valls a constitué une fracture dans les engagements.

FHI --- Vous parler d’Éducation, d’emploi, la vieillesse et depuis quelques années aussi comme celle de la sexualité même si un certain tabou demeure sur la question, sont des questions prioritaires pour l’Unapei, comme vous l’indiquez dans ma première question. Pouvez-vous me dire ce que le Gouvernement de François HOLLANDE aura permis d’améliorer ou aura ignoré ?

Christel PRADO --- Tout a été en trompe l’œil. Si communiquer sur ce qu’on fait sans le faire, c’est répondre aux besoins, alors ce gouvernement a été performant. Quand je vois le nombre de nos concitoyens handicapés sans réponse ou vivant la pauvreté augmenter, je suis très amère, sans pour cela douter de la sincérité de mes interlocuteurs.

FHI --- L’Unapei sera telle présente dans cette campagne présidentielle ?

Christel PRADO --- Oui. Nous nous engageons dans une campagne sociétale qui vise à faire bouger l’ensemble des acteurs de la société et pas seulement les pouvoirs publics et les associations. Nous souhaitons que notre société devienne inclusive et solidaire. C’était le thème de notre dernier congrès à Colmar. Le prochain, à Nancy sera sur l’habitat inclusif.

FHI --- Le polyhandicap demeure aujourd’hui l’une des nombreuses problématiques, une question parfois aborder par les politiques et parfois quelques promesses qui non jamais trouvé de mise en œuvre, des associations réclame aujourd’hui un plan similaire a l’autisme, cela est-il vraiment une nécessité selon vous et quel niveau ?

Christel PRADO --- Nous avons publié un Livre Blanc sur le Polyhandicap qui appelle l’ensemble des parties prenantes territoriales à signer des engagements. Nous pensons qu’il ne faut pas segmenter les plans. Nous réclamons un plan pour les personnes souffrant de troubles du neuro-développement (déficience intellectuelle, autisme, polyhandicap, DYS, TDAH, IMC ...). En ce qui concerne le cancer, les plans sont globaux et pas différenciés selon le type de cancer, ce qui permet de dégager de véritables volumes financiers opérants. Pourquoi faire différemment pour le handicap ?

FHI ---Sur l’emploi, l’Unapei reste très active, comme l’indiquent de récentes conventions de partenariats, comme celle avec la banque alimentaire ? l UNAPEI signe une convention avec la banque alimentaire

L’emploi notamment dans les secteurs de la communication ou des médias en général restant très fermé aux personnes à mobilité intellectuelle réduite ou psychique pourtant des initiatives ici ou la prouve le contraire, comme l’affirme notre syndicat. Comment expliquez-vous cette situation ?

Christel PRADO --- Le taux de chômage des PH est le double de celui de la population ordinaire. C’est dû à la méconnaissance des situations de handicap par les employeurs, au manque de qualification des PH (qui je le rappelle ont rarement accès à l’école) et au manque d’accompagnement dans l’emploi.

FHI --- Six ans après votre élection, j’ai entendu dire que vous envisagiez de quitter la présidence de l’Unapei. Pourquoi une telle décision et quel serait vos prochains objectifs, la politique ?

Christel PRADO --- Je suis avant tout une femme et je dois assurer l’avenir de mes deux enfants. La présidence de l’Unapei est bénévole. J’ai reçu pendant un an une indemnité pour pouvoir continuer. J’estime ne pas devoir faire porter cette charge à mon association.

D’autre part, j’avais toujours dit que j’assumerais cette fonction pendant 8 ans maximum. C’est un véritable sacerdoce qui ne permet pas d’avoir de temps familiaux et de loisirs.
J’ai candidaté sur le poste de directrice générale adjointe cohésion sociale et territoires du département de la Manche et j’ai l’honneur d’avoir été retenue. Je suis fière de mettre mes compétences au service de cette collectivité et de ses habitants.

La politique ? Nous en faisons tous quand nous sommes engagés dans une association militante. Elle n’est pas associée à un parti politique c’est tout. Je ne suis pas membre d’un parti politique et cela semble être une condition en France pour faire de la politique. Je ne remplis donc pas les conditions.

Interview Réalisé par
Stéphane LAGOUTIERE

Catégorie : INTERVIEW AVEC...
Publication : 2 November 2016

Articles en relation