Le trophée femmes du tourisme 2012 : « le handicap, au-delà du réglementaire »
Le 8 mars dernier a eu lieu, dans les locaux de l'APST, la troisième édition du TROPHÉE des Femmes du Tourisme. Créée en 2010, cette cérémonie valorise chaque année une Femme Lauréate dont l'action représente une mission sociale, sociétale ou entrepreneuriale. En présence de nombreux invités du monde du tourisme institutionnel et privé. L'association a choisi de récompenser non pas une professionnelle, mais quatre professionnelles du secteur dont l'engagement concret a permis de proposer une offre touristique ouverte à tous.
Les 31 candidatures enregistrées étaient de qualité et le choix du jury fut difficile. Compte tenu de la diversité des dossiers présentés, c'est 4 Lauréates qui ont été récompensées dans différentes catégories afin de mettre en lumière leur histoire, leur réussite, leur engagement et leur parcours. Quatre Femmes qui ont su, au-delà du réglementaire, mettre à la disposition des personnes handicapées leur engagement, leur détermination et leur imagination afin de leur offrir un meilleur environnement, leur garantissant autonomie et intégration.
Toutes démontrent une volonté farouche de vouloir offrir le meilleur, à travers l'accueil personnalisé, la décoration, l'aménagement, la mise en place d'actions communes avec d'autres structures. Et aussi d'avoir obtenu le label Tourisme et Handicap. Un Trophée placé cette année sous le parrainage de Roselyne BACHELOT-NARQUIN, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale accompagné de Raoul NABET, Président de l'APST, qui a remis les 4 Trophés. Une soirée sous le signe des Femmes et de leurs talents. Le Président de l'APST qui a remis ces trophés seule en l'absence de la ministre qui avait annulé sa présence quelques heures plus tôt préférant les promesse de la campagne électorale. « Nous l'attendions d'autant plus que le handicap est de la compétence d'un Ministre des Solidarités et de la Cohésion Sociale » a souligné Agnès Gascoin, présidente de l'association Femmes du Tourisme.
Le premier trophée concernant l'hébergement a lui a était attribuée a Danièle BRIGEOT pour le Gîte, chambres et table d'hôtes : Dépasse Montagne. Une femme qui après 28 années en tant qu'éducatrice de jeunes et d'adultes handicapés physiques, sensoriels et psychiques, Danièle BIGEOT constate que les lieux de tourisme et de vacances ne sont pas adaptés à un public handicapé. Cette dernière décide alors de créer un gîte « Dépasse Montagne » et réhabilite une ferme vosgienne, à Sainte-Marie aux Mines.
Après trois années de travail, elle obtient des subventions pour financer son projet : proposer des aménagements spécifiques pour des personnes lourdement handicapées. Elle souhaitait plus d'autonomie et de bien-être, tout en privilégiant confort et sécurité. Son action s'est également tournée vers les activités, puisque Danièle BRIGEOT propose à ses clients : l'escalade pratiquée sur un mur hydraulique couvert à géométrie variable, muni de prises ergonomiques, le tir à l'arc, du fun quad adapté à la conduite d'une personne paraplégique, la rando en joëlettes, le baby-foot, le tennis de table agréé handisport, les balançoires adaptées, le trampoline grâce un lève personne. Parallèlement, Danièle BRIGEOT intervient dans différentes structures pour présenter le matériel adapté qu'elle a fait installer.
Second trophée celui du monument historique privé a lui été attribuée a Patricia LAIGNEAU pour le Château du Rivau à Lémeré, Monument et jardins et ateliers liés à l'art. Depuis 1992, cette femme qui restaure ce monument historique et a créé les jardins classés «Jardin remarquable ». En 2009, celle-ci décide alors d'entreprendre des travaux permettant l'accès aux personnes à mobilité réduite. Parallèlement, le personnel d'accueil est formé et sensibilisé aux personnes en situation de handicap, permettant dialogue et échange avec les visiteurs.
En collaboration avec Kamil TCHALAEV, fondateur de l'École Sauvage de la Nouvelle Académie Libre, elle crée des ateliers permettant à des enfants ou des personnes en situation de handicap visuel, auditif et mental de produire librement des sons de façon intuitive et spontanée et peuvent s'exprimer en construisant leur propre mélodie en manipulant les instruments à leur disposition.
Depuis quelques mois, elle propose aussi des ateliers créatifs dirigés par le plasticien François Andès où des enfants en situation de handicap pourront apprendre à fabriquer des casques liés aux sujets évoqués dans la visite du château. Cet atelier leur fait faire un travail de sculptures et maquettes qu'ils peuvent emporter avec eux. Depuis 2007, Patricia Laigneau organise des ventes aux enchères caritatives des vins de Loire dont les bénéfices vont à l'ARAPI (association pour la recherche sur l'Autisme et la prévention des inadaptations).
Le Trophée monument historique public a lui été attribuée a Estelle LEQUESNE pour le Château du Haut-Koenigsbourg. Un travail remarquable qui prouve notamment par sa qualité que tout peut rendu accessible. Pour Estelle LEQUESNE en charge depuis 2007 des publics spécifiques et handicapés au château situé dans le Bas-Rhin. Son objectif Rendre accessible aux personnes en situation de handicap, cette forteresse médiévale de montagne fut une véritable gageure. Sa démarche ne fut pas seulement de répondre aux seules préconisations de la loi et encore moins d'utiliser le régime dérogatoire lié au bâtiment existant classé.
Mais au contraire, son action a été de proposer une offre adaptée à tous les types de handicap, en tenant compte de l'accessibilité physique, mais également intellectuelle. Elle a associé au projet le personnel du château, à travers la formation, effectué des campagnes de promotion et de communication et mis en place la concertation avec les associations représentatives des personnes handicapées. C'est ainsi que le château est aujourd'hui en mesure de proposer une offre adaptée, riche et diversifiée, avec l'aide de l'ensemble des services qui a bien pris en compte les besoins des publics en situation de handicap.
Aujourd'hui, le château du Haut-Kœnigsbourg propose une offre diversifiée adaptée à tous les types de handicaps, quel que soit l'âge ou le niveau de compréhension du visiteur: visites extérieures, visites multisensorielles, visites en langue des signes française, visites pour les personnes déficientes intellectuelles. De nombreux outils d'interprétation ont également été créés ces dernières années. Le plus emblématique est sans doute l'espace d'interprétation audiovisuel réservé aux personnes à mobilité réduite. Aménagé dans la cour basse, au rez-de-chaussée du moulin, il est une véritable alternative à la visite traditionnelle.
À travers un film inédit, toute personne en fauteuil, à grande fatigabilité ou momentanément diminuée, peut appréhender la forteresse et son histoire dans son intégralité. Le Conseil Général du Bas-Rhin a investi 350 000 euros pour installer et aménager ce lieu. Il a également investi 80 000 euros dans la création de quatre nouveaux modes d'interprétation, destinés à renforcer l'accessibilité et la lecture du monument : une maquette tactile au 1/150e installée à l'entrée du monument, des visio-guides en langues des signes française et allemande, des audioguides avec des commentaires en audiodescription en français et allemand et des livrets en braille. À noter l'organisation par le conseil général du Bas-Rhin du 10 au 17 avril, à la semaine du handicap auquel participera le château général en organisant des ateliers sur la thématique de la vie quotidienne au Moyen Âge pour tous les types de handicaps.
Enfin le dernier trophée fut lui attribué à Isabelle OLIVIER pour cette femme qui aime se définir comme une paysanne qui gère la ferme Fruirouge à Nuits Saint Georges. Sa ferme produit, transforme et commercialise les petits fruits rouges. Ayant l'habitude de recourir ponctuellement à des résidants d'un établissement médico-social qui accueille des personnes adultes en situation de handicap qui ne peuvent pas occuper un poste de travail dans le milieu ordinaire, elle a tout naturellement décidé de développer l'accueil des personnes handicapées. Son personnel a été sensibilisé à tout type de public et son leitmotiv est que chacun d'entre eux doit s'adapter à tous leurs clients, sans barrière de langue, ni physique ou morale. Elle a d'ailleurs appris la langue des signes pour pouvoir communiquer avec un public de malentendant. Parallèlement, elle travaille étroitement avec une association d'aveugles ce qui l'a incité à suivre des formations sur l'accueil des personnes malvoyantes.
La Rédaction
Publication : 12/03/2012