Après neuf jour d’arrêt des traitement Vincent LAMBERT est décédé ce matin à 8h24 au CHU de Reims
Vincent LAMBERT sera donc décédé après une bataille judiciaire et familiale qui aura durée plus de dix ans. L’homme âgé de 43 ans après un accident de voiture en 2008 et depuis cette date dans un état « végétatif », est décédé entourer pour la première par sa famille a 8h24 ce matin, neuf jours après l’arrêt des traitement mise en œuvre par le Dr. Vincent SANCHEZ du CHU de Reims. C’est une bataille familiale et d’un long feuilleton juridique, médiatique et politique, avec en arrière-plan permanent, la question de la légalisation de l’euthanasie. Une question pour lequel les Français avait répondu dans un sondage IFOP de décembre 2017 selon lequel 89 % des Français se déclarent favorable à l’euthanasie.
Vincent LAMBERT : Symbole du débat sur la fin de vie
Neuf jours après le début de l’arrêt de la nutrition et de l’hydratation artificielles qui le maintenaient en vie. Vincent LAMBERT et décédé ce matin à 8h24. Une annonce qui met fin selon l’expression du rapporteur public du Conseil d’État en juin 2014 a une « nuit de solitude et d’inconscience » dans laquelle il s’était « emmuré » depuis un accident de la route en 2008. L’infirmier psychiatrique de profession et père d’un enfant de trois mois lors de son accident est donc mort ce matin à l’âge de 43 ans à l’hôpital Sébastopol de Reims (Marne).
Une mort qui annonce la fin de ce qui aura été avant tout un drame familial. Mais également une bataille judiciaire pour lesquelles les différentes instances judiciaires auront rendu 35 décisions sans discontinuer depuis le 11 mai 2013.Date à laquelle le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait ordonné en urgence la reprise de la nutrition et de l’hydratation de cet homme tétraplégique en état végétatif chronique. Et celle du 28 juin 2019 date de l'arrêt rendu par la Cour de cassation qui à cassé sans renvoi la décision de la cour d’appel qui a la surprise générale avait autorisé la reprise des traitements alors que déjà le 26 avril 2019 le Conseil d'Etat avait lui autorisé l'interruption des traitements.
Un drame ou même les politiques eux-mêmes n’auront pas réussi à se mettre d’accord, une affaire qui aura même provoqué une prise de position officielle d’Emmanuel MACRON, dans un message publié le 20 mai sur Facebook. Dans lequel le chef de l’État assurait qu’il ne lui « appartenait pas de suspendre une décision qui relève de l’appréciation de ses médecins et qui est en conformité avec nos lois » mais « d’entendre l’émotion suscitée ».
Des avis divergents quelques heures après sa mort…
Si pour son neveu François, aura lui exprimé son soulagement depuis la Place de la République à Paris en fin de matinée après des années de souffrance « ce n’est pas triste. Les gens me disent leurs condoléances, me souhaitent bon courage, mais ce n’est pas difficile. Ça remet les choses dans l’ordre, c’est ce qu’on attendait depuis des années, on y était prêt (…) Le rationnel prend le dessus. Vincent était en état végétatif, il n’aurait pas voulu vivre comme ça. Par respect pour lui il fallait arrêter de le maintenir en vie dans cet état, j’espère qu’il repose en paix ».François LAMBERT de conclure que « l’affaire Vincent LAMBERT se termine aujourd’hui Il va y avoir les obsèques, et la suite, ça serait bien que ça reste intime ».La Présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate Christine BOUTIN aura pour sa part estimé que « Beaucoup réagissent pour justifier la mort donnée sur les tensions familiales ! Le problème n’est pas là ! La question était : la France donne t elle une chance à la vie, oui ou non ? » affirmant que la France avait « choisi la barbarie qui élimine les plus fragiles d’entre nous ».
La Présidente d'honneur du Parti chrétien-démocrate Christine BOUTIN aura pour sa part estimé que « Beaucoup réagissent pour justifier la mort donnée sur les tensions familiales ! Le problème n’est pas là ! La question était : la France donne t elle une chance à la vie, oui ou non ? » affirmant que la France avait « choisi la barbarie qui élimine les plus fragiles d’entre nous ».
Pour le président de l’ADMD Jean-Luc ROMERO c’est avant la fin « d’un long calvaire de 11 ans qui s’achève pour Vincent LAMBERT ». Précisant dans un tweete que « Le législateur doit enfin prendre ses responsabilités pour que plus jamais une famille ne vive un tel drame ». Un sentiment exprimé Jonathan DENIS secrétaire général de l’association qui estime lui vouloir comme nous tous « avoir tous les choix en Fin de Vie, pas seulement la sédation profonde qui n'est pas la réponse à tous les cas (…) Il faut aller aussi vers le droit à l'euthanasie »
Le pape François qui dans un tweete aura souhaité « Que Dieu le Père accueille dans ses bras Vincent Lambert ». Invitant le monde à ne pas construire « une civilisation qui élimine les personnes dont nous considérons que la vie n'est plus digne d'être vécue : chaque vie a de la valeur, toujours ». Dans un communiqué le matin même le Vatican a rappelé que « Dieu est l'unique maître de la vie du début jusqu'à sa fin naturelle et nous avons le devoir de toujours la protéger et de ne pas céder à la culture du déchet ». De son coté l’Académie pontificale pour la vie ainsi que son président, Mgr Vincenzo PAGLIA, ont exprimé leurs tristesses précisant que « La mort de Vincent Lambert et son histoire sont une défaite pour notre humanité ».
Les parents dénoncent « un crime d’État »
De leurs côtés et comme ils l’avaient annoncé à la suite de la décision rendu par la cour de cassation et la dernière décision du juge des libertés devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, Me Jean PAILLOT, et Me Jérôme TRIOMPHE, avaient porté plainte contre le Dr. Vincent SANCHEZ le 6 juillet dernier. Vivianne LAMBERT qui avait lancée un « appel au secours » de l'ONU en marge de la 41e session du Conseil des droits de l'homme à Genève, affirmant que l'on voulait « assassiner son fils handicapé ».
A l’annonce de sa mort de ce dernier Pierre et Vivianne LAMBERT dénoncent « un crime d’État ». Une version soutenue par ces avocats qui dans un communiqué ont précisé que Vincent avait tué « par un médecin qui a renoncé à son serment d'Hippocrate ». Un homme « qui n'aura été tenu aucun compte de la dignité de cet homme handicapé, condamné parce qu’handicapé. C'est un peu de notre humanité à tous qui s'en est allée aujourd'hui, tant cette faute ignoble qui ébranle les fondements de notre droit et de notre civilisation rejaillit sur nous tous.». Me Jean PAILLOT, et Me Jérôme TRIOMPHE, pour qui aujourd’hui « L'heure est au deuil et au recueillement (…) Il est aussi à la méditation de ce crime d'État ».
Cette fois c'est terminé", avaient écrit les parents de Vincent Lambert dans une lettre ouverte diffusée sur le site du comité de soutien le 2 juillet dernier. « Cette fois, c’est terminé. Nos avocats ont multiplié ces derniers jours encore les recours et mené d’ultimes actions pour faire respecter le recours suspensif devant l’ONU qui bénéficiait à Vincent. En vain ». Jugeant la mort de Vincent « désormais inéluctable. Elle lui a été imposée à lui comme à nous. Si nous ne l’acceptons pas, nous ne pouvons que nous résigner dans la douleur, l’incompréhension, mais aussi dans l’Espérance ». Précisant dans cette lettre « qu’il n’avait à plus rien à faire sinon prier et accompagner notre cher Vincent, dans la dignité et le recueillement ». Un collectif de soutien qui mardi soir, étaient une vingtaine de personnes à s’être rassemblées devant le centre hospitalier de Reims pour protester contre l'arrêt des soins.puis le lendemain à 20h devant l’église Saint Sulpice à Paris réunissant près de 1500 personnes.
Une plainte pour homicide volontaire ?...
Après une plainte déposée par les avocats des parents. Le Procureur Mathieu BOURETTE a en fin d’après-midi dans un conférence de presse a annoncé de son côté avoir ouvert une enquête préliminaire aux fins de recherche des causes de la mort en vertu de l’article 74 du code procédure pénal et non pour homicide volontaire. Un choix qui selon lui et dut « au conflit ouvert depuis plusieurs année », assurant que son devoir était donc de fournir « à la famille les causes exactes de la mort de Vincent LAMBERT. Et chacun décidera ensuite dans la famille de ce qu'ils souhaitent faire y compris sur le plan judiciaire ». Ne pas ouvrir cette enquête dans les circonstances actuelles auraient put « être apporter un soutien au personnel soignant » notamment après les annonces faites par les parents de « crime d’État » a-t-il ajouté.
Précisant que le choix de ne pas ouvrir « une enquête du chef de meurtre aurait également pu être interprété comme la condamnation a priori du processus déclenché dans le cadre de la loi LEONETTI » et d’ajouter « n’avoir ouvert aucune enquête contre le docteur Vincent SANCHEZ du chef de tentative de meurtre ». Précisant avoir entendu notamment le Dr. Vincent SANCHEZ
Le choix de l’article 74 pour lequel aura-t-il indiqué dans son intervention le procureur « est à la fois la plus neutre qui existe dans notre arsenal procédural pénal et celle qui permet de procéder aux investigations utiles et de parvenir à la manifestation de la vérité judiciaire ». Une vérité indispensable « tant pour la famille elle que pour le personnel mise en cause a plusieurs reprise qu’a Vincent LAMBERT lui-même » a-t-il ajouté.
Mathieu BOURETTE qui a confirmé avoir rencontré ce 11 juillet les parents, les frères et sœurs et l’épouse de Vincent Lambert pour « leur annoncer ma décision de pratiqué une autopsie qui ne sera pas réalisée à Reims mais à Paris dans un soucis d’impartialité, car des plaintes ont été déposées contre le CHU et afin d'être le plus neutre possible ». Précisant qu’a l'issue de l'autopsie, « le corps de Vincent LAMBERT rendu à sa femme qui est sa tutrice légale ».
« C'est une grave erreur de la part de notre justice », a dénoncé Maître Francis FOSSIER l'avocat de Rachel LAMBERT dans un communiqué. « Je n’accepte pas cette décision mais je ne peux rien y faire, chacun ces convictions intimes, mais je ne pense pas que cela doit rejaillir dans une procédure comme celle-là ».
Stéphane LAGOUTIÉRE
Publication : 11/07/2019