Journée de la Santé mentale : Une santé qui se dégrade chez les jeunes de 11-24 ans en 2023
La Journée mondiale de la santé mentale est célébrée chaque année le 10 octobre afin de faire mieux connaître les questions de santé mentale dans le monde entier et d’améliorer l’aide aux personnes qui ont des problèmes de santé mentale. Une journée l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) ont placée cette année sous le thème « La santé mentale est un droit humain universel ». La France loin d’être exemplaire, telle que l’exil forcé des enfants et adulte autisme en Belgique, mais aussi l’importante dégradation du système psychiatrique en France.
Des atteintes aux droits trop fréquente….
À l’approche de la Journée mondiale de la santé mentale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) lancent conjointement une nouvelle publication axée sur la santé mentale, les droits humains et la législation, proposant des orientations et décrivant les pratiques en la matière, pour aider les pays à réformer leur législation afin de mettre fin aux atteintes aux droits humains et à améliorer l’accès à des soins de santé mentale de qualité.
Les atteintes aux droits humains et les pratiques coercitives dans les soins de santé mentale, soutenues par la législation et les politiques existantes, sont encore beaucoup trop courantes. L’hospitalisation et le traitement sans consentement, les conditions de vie insalubres, et les violences physiques et la maltraitance psychologique caractérisent de nombreux services de santé mentale à travers le monde.
Bien que de nombreux pays aient cherché à réformer leurs lois, leurs politiques et leurs services depuis l’adoption de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées en 2006, ils sont trop peu nombreux à avoir adopté ou modifié les lois et politiques pertinentes à l’échelle nécessaire pour mettre fin aux abus et promouvoir les droits humains dans les soins de santé mentale.
« La santé mentale fait partie intégrante et représente une composante essentielle du droit à la santé », a déclaré le Dr Tedros ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’OMS. « Ces nouvelles orientations aideront les pays à apporter les changements nécessaires pour fournir des soins de santé mentale de qualité qui aident la personne à guérir et respectent sa dignité, en donnant aux personnes atteintes de troubles de la santé mentale et de handicaps psychosociaux les moyens de mener une vie épanouissante et en bonne santé au sein de leurs communautés. »
« Notre ambition doit être de transformer les services de santé mentale, non seulement dans leur portée, mais aussi pour ce qui est de leurs valeurs sous-jacentes, afin qu’ils répondent vraiment aux besoins et respectent la dignité de la personne. Cette publication propose des orientations sur la manière dont une approche fondée sur les droits peut soutenir la transformation nécessaire dans les systèmes de santé mentale », a indiqué Volker TURK, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Les personnes handicapées entravé dans les soins…
En cette Journée mondiale de la santé mentale 2024, l’UNAFAM dévoile les résultats de la 4ème édition de son baromètre consacré à la santé mentale et aux troubles psychiques. Parmi plus de 4 300 répondants se trouvent pour la première année des personnes concernées par un trouble psychique. Accès aux soins, à l’accompagnement, à l’emploi… l’UNAFAM dénonce le non-respect des droits des personnes vivant avec des troubles psychiques et de leurs aidants en France.
La présidente de l'UNAFAM, Marie-Jeanne RICHARD, l'affirme : « Notre baromètre 2023 démontre que l’État français n’a pas pris la mesure des besoins. Des droits fondamentaux sont toujours bafoués. Nous appelons de nos vœux non seulement une accélération du changement, mais que celui-ci puisse se faire sur tous les territoires afin que les personnes concernées et leur entourage puissent vivre dignement, en conformité avec leurs aspirations ».La présidente rappelant que « Le Conseil de l’Europe dénonçait en avril dernier le fait, qu’en France, les personnes en situation de handicap étaient entravées dans l’exercice de leurs droits ».
Conséquence d’un manque d’aides et de suivi par des structures adéquates (60% des répondants déclarent que leur proche n’a pas été accompagné par un professionnel dans la formulation de sa demande d’aide auprès d’une MDPH), ce sont aujourd’hui les familles des personnes concernées qui viennent en aide à leur proche, tant sur le plan de l’accompagnement que sur le plan financier. Sur ce dernier point, ce sont 71% des répondants qui déclarent venir en aide financièrement à leur proche. Si le nombre de bénéficiaires de l’AAH (Allocation Adultes Handicapés) est en augmentation selon le baromètre, l’inégalité de fond persiste lorsqu’on regarde la répartition dans les différents taux d’incapacité octroyés. En effet, le nombre de personnes bénéficiant d’un taux d’incapacité supérieur ou égal à 80% a diminué de 11 points par rapport à 2022. Ainsi, les personnes concernées vivant avec un trouble psychique sont aujourd’hui maintenues dans une situation de grande précarité.
Une citoyenneté empêchée
L’UNAFAM qui dénoncé aussi dans son baromètre. En effet pour les répondants, qu’ils soient aidants ou personnes concernées, les trois droits les plus difficiles d’accès sont sans appel. Selon eux il se disent marginalisées dans l’emploi, dans l’accès au logement, dans le système éducatif. Les personnes vivant avec un trouble psychique se retrouvent exclues de ce qui concourt à l’autonomie et donc au plein exercice de leur citoyenneté.
Les trois droits les plus difficiles d’accès sont sans appel : Le droit à l’accès et au maintien dans l’emploi Le droit à l’accès aux soins. Enfin le droit à l’accompagnement (SAVS, SAMSAH, SAAD, PCH …). Au-delà du manque d’accompagnement observé, cette difficulté d’accès aux droits résulte également de la persistance de préjugés sur les maladies psychiques. Ils sont le carburant d’une stigmatisation qui isole les personnes et leur entourage. Cette stigmatisation est due à une mauvaise compréhension des troubles psychiques par la société. Le baromètre révèle que 69% des aidants considèrent que les médias évoquent la maladie de façon stigmatisante et anxiogène.
Une dépense abandonnée…
Aujourd’hui, les personnes vivant avec une maladie psychique restent toujours autant discriminées dans leurs parcours de soins, par rapport à d’autres pathologies. Le manque de moyens et les inégalités territoriales en psychiatrie entraînent des non-prises en charge et des ruptures dans les parcours, laissant des patients et leurs familles sur le bord de la route. 64% des aidants répondants indiquent qu’il est difficile d’avoir accès à un psychiatre ou à un psychologue. Ce constat est partagé par 58% des personnes concernées.
Le manque de moyens observé en psychiatrie ne vient pas seulement restreindre l’accès ou le maintien dans les soins, mais vient aussi détériorer la prise en charge des patients. 83% des répondants déclarent avoir rencontré d’importantes difficultés lors de la prise en charge de leur proche.
Si a contrario selon l’assurance maladie, la psychiatrie branche de la médecine qui s'occupe de la prévention, du diagnostic et du traitement des troubles mentaux. En France, la psychiatrie représente un enjeu majeur de santé publique, tant par la prévalence des maladies psychiques que par leur coût économique et social. Selon l'Assurance Maladie, la santé mentale représente à elle seule 23,3 milliards d'euros, soit près de 14 % des dépenses totales de santé. Précisant que si l'on regroupe les « maladies psychiatriques » et l'ensemble des « traitements chroniques par psychotropes ». C'est le premier poste de dépenses par pathologie, devant les cancers, les maladies cardiovasculaires ou le diabète. La crise sanitaire liée au Covid-19 a accentué le phénomène, avec une augmentation des épisodes dépressifs, particulièrement chez les jeunes adultes. Face à ce défi, le ministère de la Santé et de la Solidarité a lancé une feuille de route pour la santé mentale et la psychiatrie en 2021, visant à renforcer la promotion, la prévention, l'accès aux soins et la qualité de vie des personnes souffrant de troubles psychiques.
Un fait confirmé en France alors que la France un peu plus de 80 000 places. La psychiatrie en France pouvait compter en 2021 sur un peu plus de 53 000 lits d'hospitalisation complète, et un peu moins de 29 000 places en hospitalisation partielle (journées ou nuitées de moins de 24 heures). Une situation dénoncé à la fois par deux responsables syndicaux qui ont pointé la fermeture de quatre lits sur douze dans l’unité Espace de Nantes, qui accueille des jeunes de 15 à 20 ans présentant des risques suicidaires. « Les huit jeunes restants devront déménager chaque soir au sein d’une unité d’admission en psychiatrie adulte, ce qui entraîne, par un jeu de chaises musicales, la fermeture de huit lits pour les adultes.» La CGT précisant que «54 postes infirmiers sont manquants sur l’ensemble du secteur de la psychiatrie au sein du CHU de Nantes ».
Un fait confirmé également par une enquête de la Fédération hospitalière de France, menée auprès de 110 établissements de santé, qui souligne le manque de moyens financiers et humains pour le développement de la psychiatrie publique. Selon les conclusions de la dernière enquête de la Fédération hospitalière de France réalisée entre avril et mai 2023, « les fermetures structurelles de lits sont nombreuses et se sont intensifiées après la crise sanitaire (…) Un établissement sur quatre a fermé plus de 10% de ses capacités » dénonce la Sylvie PERON, psychiatre à Poitiers et présidente du groupe de travail FHF psychiatrie et santé mentale.
Lancement d’une enquête nationale…
Les premières années de la vie sont déterminantes pour le développement psycho-affectif des enfants, les apprentissages et leur capacité à s’adapter dans leur future vie d’adulte. L’enquête nationale sur la santé mentale des jeunes enfants (3-11 ans) a été lancée en 2021 par Adrien TAQUET, ancien Secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles et sera conduite en 2022. Elle s’intègre dans le dispositif global de surveillance de la santé mentale des enfants et des adolescents de Santé publique France, en complémentarité d’autres dispositifs existants, en particulier l’étude EnClass, portant sur les collégiens et lycéens.
Cette enquête dont les premiers résultats ont été présenté en juin 2023, et selon ces promoteurs, une première en son genre, permettra de mesurer et suivre dans le temps l’état de santé mentale chez les enfants et de décrire les facteurs de risque et protecteurs de la santé mentale. Ses résultats seront un appui pour les acteurs et les pouvoirs publics dans leur stratégie de prévention et de prise en charge dans une perspective de bien-être nécessaire à l’apprentissage et au devenir adulte des enfants et des jeunes. Une étude que vous pouvez également suivre sur le site dédié ENABEE
L’étude inclut les enfants scolarisés dans l’enseignement du premier degré (de la petite section de maternelle au CM2), au sein d'établissements publics et privés sous contrat avec l’Etat, en France métropolitaine pour cette première édition. Les problèmes de santé mentale plus spécifiques, comme certains troubles du développement intellectuel ou les troubles du spectre de l’autisme sont exclus du champ d’investigation de l’étude. Ils sont étudiés par d’autres systèmes d’informations qui permettent déjà de préciser les besoins de soins et de mieux comprendre les mécanismes en cause dans la survenue de ces troubles.
Mettre fin aux pratiques coercitives
L’OMS qui appel à « mettre fin aux pratiques coercitives en matière de santé mental ». Telles que la « détention sans consentement, le traitement forcé, l’isolement et les moyens de contention, est essentiel afin que soit respecté le droit de toute personne de décider des soins qu’elle recevra et de faire ses propres choix de traitement ». De plus, un nombre croissant de données probantes montrent comment les pratiques coercitives ont un impact négatif sur la santé physique et mentale, aggravant souvent l’état existant d’une personne tout en la privant de ses systèmes de soutien.
Les orientations proposent des dispositions législatives pour mettre fin à la coercition dans les services de santé mentale et consacrer le consentement libre et éclairé comme base de toutes les interventions liées à la santé mentale. Elles fournissent également des conseils sur la façon dont les cas plus complexes et difficiles peuvent être traités dans le cadre de la législation et des politiques sans recourir à des pratiques coercitives. Bien que les orientations proposent un ensemble de principes et de dispositions qui peuvent être insérés dans la législation nationale, les pays peuvent également les adapter à leur situation spécifique (contexte national, langues, sensibilités culturelles, systèmes juridiques, etc.), sans compromettre les normes relatives aux droits humains.
Une santé mental qui se dégrade chez les jeunes…
Le taux de suicide chez les jeunes Amérindiens de Guyane est 8 fois plus élevé que dans l’Hexagone selon l’Unicef. Une situation dont les 11-24 ans en métropole ne sont pas épargné comme le montrent de nombreux chiffre. Quels sont les principaux troubles psychiques chez les jeunes ? Divers troubles psychiques peuvent apparaître chez l'adolescent et le jeune adulte. Les plus fréquents sont les troubles anxieux, dépressifs, du comportement alimentaire ou addictifs. Parmi les facteurs principaux de dépression chez les jeunes ont peut noter notamment : les Conflits entre les parents et les frères et sœurs. La séparation ou divorce des parents. Les intimidation. Les conflits ou stress avec des amis ou des camarades de classe.
Parmi les derniers études dans ce domaine on peut noter notamment celle publié par Santé publique France qui montre que la santé mentale des Français continue de se dégrader en 2023, en particulier chez les jeunes de 18-24 ans. Pensées suicidaires, anxiété, dépression... Une explication largement détaillé sur le site Santé publique France
Stéphane LAGOUTIERE
Sources : UNAFAM / FFH / OMS / CPAM / Santé publique France
Publication : 10/10/2023